Dernière mise à jour de cette page: 22/08/2024
Contenu
- Évaluation des risques et classe de risque biologique du virus mpox
- Diagnostic à partir d’échantillons potentiellement contaminés par le virus mpox
- Recommandations pour les laboratoires qui manipulent le virus mpox (échantillons cliniques)
- Recommandations pour les laboratoires qui manipulent le virus mpox (échantillons cliniques confirmés et cultures)
- Personnes de contact
- Références
Évaluation des risques et classe de risque biologique du virus mpox
Le virus mpox (monkeypox, anciennement « variole du singe ») est un Orthopoxvirus, un virus à ADN bicaténaire, enveloppé appartenant à la famille des Poxviridae. Ce virus est relié, sur le plan antigénique, aux virus de la variole et de la vaccine. Il existe deux variants génétiquement distincts : le clade I (variant de l’Afrique centrale et de l’est) et le clade II (variant de l’Afrique de l’Ouest). Le 14 août 2024, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’augmentation des cas de mpox en République démocratique du Congo (RDC) et dans certaines régions d’Afrique est une urgence de santé publique de portée internationale. La souche circulante en RDC et dans d’autres pays d’Afrique au moment de la déclaration de l’OMS est le nouveau clade 1b, apparemment plus mortel et facilement transmissible.
Le virus mpox peut se transmettre à l’homme par un animal infecté ou une personne infectée, c’est un agent de zoonose. La maladie provoquée par le virus chez l’homme est caractérisée par une éruption cutanée de pustules et une maladie systémique modérée à sévère. Les patients peuvent souffrir de complications sévères incluant des infections bactériennes cutanées secondaires. Le taux de mortalité est d’environ 1 à 11% en Afrique, et plus élevé chez les enfants (Parker et al., 2007). Les personnes immunodéprimées sont à risque de développer une forme sévère de la maladie.
La transmission du virus en laboratoire peut se faire par un contact direct des muqueuses ou de la peau lésée (même si la lésion n’est pas visible) avec du matériel biologique contaminé (fluides corporels, sécrétions des voies respiratoires, exsudat ou croute) par exemple via la création de gouttelettes ou d’aérosols infectieux. Le contact avec des objets contaminés (fomites), l’ingestion ou l’inoculation parentérale accidentelle de matériel infectieux représentent également des modes de transmission possibles du virus aux travailleurs (Avis du CSS, 1/6/2022 ; Santé Canada). La transmission du virus par l’air (airborne) n’est pas démontrée (Avis du CSS, 1/6/2022).
La période d’incubation est généralement de 6 à 13 jours mais peut varier de 5 à 21 jours (WHO, 2022).
La dose infectieuse est inconnue.
Les Orthopoxvirus sont très stables dans l’environnement sous forme séchée à température ambiante. Ils sont sensibles à l’hypochlorite de sodium à 0,5%, aux désinfectants ménagers à base de chloroxylène, au glutaraldéhyde, au formaldéhyde et au paraformaldéhyde (Santé Canada).
La vaccination par le virus de la vaccine étant assez efficace contre le mpox, le vaccin contre la variole de 3ème génération Imvanex® a été autorisé par l’agence européenne des médicaments contre ce virus. Ce vaccin peut être administré en prophylaxie chez les personnes à haut risque de présenter une forme sévère de la maladie et ayant été en contact avec une personne infectée par le virus mpox (vaccination post-exposition) et à plus large échelle comme prophylaxie ou pour contrôler des clusters (Avis du CSS, 1/6/2022). L’efficacité des vaccins contre la variole est de 85% contre le virus mpox. La vaccination antérieure contre la variole peut conférer une protection croisée contre ce virus. L’efficacité spécifique de la vaccination contre le clade 1b n’est pas encore connue. Cependant le vaccin contre la variole de 3ème génération devrait avoir une efficacité similaire contre le mpox clade 1b (ecdc, 2024).
Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de traitement spécifique contre le virus mpox (Reynolds et al., 2017), le traitement est principalement symptomatique et de soutien.
Le virus mpox appartient à la classe de risque biologique 3 pour l’homme et l’animal.
Diagnostic à partir d’échantillons potentiellement contaminés par le virus mpox
Les tests de détection du virus utilisés actuellement se font directement sur l’échantillon clinique du patient et ne nécessitent pas la multiplication du virus. Pour éviter l’exposition du travailleur et de la population au virus, des mesures de protection à mettre en place dans les laboratoires de diagnostic sont recommandées ci-dessous, en tenant compte de l’évaluation des risques du virus.
La manipulation d’échantillons provenant de patients susceptibles d’être infectés par le virus mpox est une activité tombant dans le champ d’application du Code du bien-être au travail – agents biologiques. La législation relative à l’utilisation confinée d’organismes génétiquement modifiés et/ou pathogènes s’applique également dans les cas suivants :
- Lorsqu’il y a multiplication et/ou concentration délibérées du virus mpox ;
- Lorsqu’il y a manipulation et/ou stockage de cultures du virus mpox,
Et
- Dans le cadre d’une activité de recherche et développement, lorsqu’il y a manipulation et/ou stockage d’échantillons cliniques dont la contamination avec le virus mpox est avérée.
Recommandations pour les laboratoires qui manipulent le virus mpox (échantillons cliniques)
Toutes les manipulations en phase ouverte d’échantillons cliniques de cas suspects ou confirmés en vue d’effectuer des tests PCR pour la détection du virus mpox et n’impliquant aucune réplication volontaire du virus dans le cadre du diagnostic, doivent se dérouler dans un laboratoire de niveau de confinement 2 avec les mesures pertinentes décrites ci-dessous (Code du bien-être au travail).
Mesures pertinentes :
Les pratiques de travail pertinentes à mettre en place, en plus de celles correspondant au niveau 2, sont :
- L’accès au laboratoire doit être restreint au personnel formé et autorisé ;
- Des gants de protection doivent être portés par le personnel tout au long de la préparation de l’échantillon. Ces gants doivent répondre à la norme EN ISO 21420:2020 (exigences générales et méthodes d’essai) et à la norme EN ISO 374-5:2016 (protection contre les agents biologiques) ;
- L’équipement ainsi que les vêtements de protection utilisés doivent être spécifiques au laboratoire ;
- Il est préférable d’utiliser du matériel jetable plutôt que réutilisable.
- Un « spill kit » (avec des procédures connues du personnel) est requis à l’extérieur près de l’entrée du laboratoire de diagnostic dans lequel des échantillons potentiellement contaminés par le virus sont analysés, ainsi que dans le local où les échantillons sont réceptionnés, stockés ou réemballés pour tout type de transport ;
Pour limiter l’exposition aux aérosols infectieux :
- L’utilisation d’une ESM, conforme à la norme EN12469, est requise pour toutes les manipulations des échantillons potentiellement infectieux susceptibles de générer des aérosols. Par mesure de précaution, il est recommandé d’ouvrir les colis contenant les échantillons sous l’ESM ; si les manipulations des échantillons ne peuvent pas se dérouler sous une enceinte de sécurité microbiologique (ESM), le personnel pouvant être exposé aux aérosols et projections doit porter une protection faciale (lunettes de protection ou visière) et respiratoire (masque de type FFP2).
- L’utilisation d’une centrifugeuse à godets de sécurité (« safety cups ») est nécessaire. Les godets ne doivent être ouverts que sous ESM ;
- Si un système de génération de vide est utilisé, il doit être «équipé d’un filtre HEPA ou équivalent.
Pour limiter le contact direct ou indirect avec le virus :
- Un évier à commande non-manuelle doit être présent dans le laboratoire pour le lavage et la décontamination des mains ;
- Tout matériel et contenant quittant l’ESM doit être décontaminé de manière adéquate (par exemple, les surfaces externes des tubes contenant l’échantillon).
Transport :
- Conformément à la règlementation sur le transport de matières dangereuses par la route (ADR), le virus mpox est classé comme matière infectieuse de catégorie A quelle que soit la forme dans laquelle il se présente. Les échantillons contaminés par ce virus sont donc de catégorie A (UN 2814). Les déchets issus des activités de diagnostic contenant des matières de catégorie A sont affectés au même numéro UN 2814 et doivent donc être emballés selon les instructions d’emballage P620 (triple emballage). Cependant, si les déchets sont décontaminés (par exemple par inactivation thermique à l’autoclave), ils ne sont plus soumis aux prescriptions de transport de matières infectieuses. Le SBB recommande néanmoins de les éliminer ensuite dans des poubelles jeunes rigides « biohazard » comme déchets médicaux (UN 3291).
Recommandations pour les laboratoires qui manipulent le virus mpox (échantillons cliniques confirmés et cultures)
Toutes les manipulations du virus mpox à partir d’échantillons cliniques confirmés et de culture de virus dans le cadre de la recherche et développement nécessitent l’utilisation d’un laboratoire de niveau de confinement 3.
Personnes de contact
- Bien-être au travail – protection de la santé des travailleurs: le conseiller en prévention de l’institution ; autorité compétente : le SPF Emploi – Travail et Concertation sociale; personne de contact : Gunter Kathagen
- Utilisation confinée d’organismes génétiquement modifiés et/ou pathogènes: le responsable biosécurité de l’institution ; autorité compétente : les Régions ; le SBB est l’expert technique pour les Régions
Références
Organisation mondiale de la Santé, Communiqué de presse, 14-08-2024 : https://www.who.int/news/item/14-08-2024-who-director-general-declares-m...
Agence de la Santé publique du Canada – Avis de biosécurité : Orthopoxvirus simien (OVS) : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-l...
ECDC Risk assessment for the EU/EEA of the mpox epidemic caused by monkeypox virus clade I in affected African countries 16 August 2024. https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/mpox-risk-asses...
ECDC Factsheet for health professionals on mpox (monkeypox): https://www.ecdc.europa.eu/en/all-topics-z/monkeypox/factsheet-health-pr... (15-8-2024).
Risk Assessment Group, Mpox epidemic in the democratic republic of the Congo, 2022-2024.: https://www.sciensano.be/sites/default/files/20240523_rag_pra_mpox.pdf
Parket S., Nuara A., Buller RML, Schultz D.A. Human monkeypox: An emerging zoonotic disease. Future microbiology, 2007, 2 (1), 17-34.
Sklenovská N., Van Ranst M. Emergence of monkeypox as the most important orthopoxvirus infection in humans. Frontiers in Public Health, 2018, 6, Article 241.
Reynolds MG, McCollum AM, Nguete B, Shongo Lushima R, Petersen BW. Improving the care and treatment of monkeypox patients in low-resource settings: applying evidence from contemporary biomedical and smallpox biodefense research. Viruses, 2017, 9:E380.
WHO Multi-country monkeypox outbreak in non-endemic countries 21 May 2022 available at: https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385
Advisory report of the superior health council n° 9720 – Vaccination strategy against Monkeypox, le 1er juin 2022 available at: https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/20220614_shc_9720_monkeypox_vaccination_vweb.pdf